LE CLOÎTRE, UN NOUVEAU PÔLE D'ENTREPRENEURIAT SOLIDAIRE À MARSEILLE

En l’espace de quelques mois, un ancien monastère des territoires nord de Marseille est devenu un campus d’entreprises innovantes et solidaires. Un projet porté par Apprentis d’Auteuil, co-fondateur du Cloître, inauguré mercredi 26 juin.

 

Mi-avril 2019, colline Saint Bruno, territoires nord de Marseille. De la terrasse des Jardins du cloître, restaurant bio qui propose une ardoise de saison créée maison par son chef Lionel Werner, la vue est magnifique. Sur la droite, le clocher de la chapelle de l’ancien monastère des sœurs de la Visitation. Devant, les serres des micro-pousses de la ferme du Paysan Urbain et au loin, la silhouette de Notre-Dame de la Garde. C’est dans cet écrin de verdure qu’officient Arnaud Castagnède, directeur des lieux, et tous les partenaires investis dans l’innovant projet du Cloître, ouvert en janvier dernier.

"Ici, souligne le patron du nouveau campus, les entrepreneurs et les associations installées replacent l’homme au cœur des processus économiques et sociaux." Co-fondateur et directeur du Cloître, Arnaud Castagnède passe les dix premières années de sa vie professionnelle en Guyane, pour construire des infrastructures avec les Amérindiens, en utilisant leurs techniques ancestrales de fabrication.

Arrivé sur Marseille dix ans plus tard, il monte Acta vista, des chantiers école de restauration de monuments historiques pour des personnes éloignées de l’emploi, association qu’il dirige de 2001 à 2015.

 

Des entreprises impliquées

Démarre alors l’aventure du Cloître. "L’idée que je portais en germe a mûri de liens noués, au sein d'Ashoka, réseau d’entrepreneurs sociaux, avec des dirigeants de grands groupes et des partenaires locaux, précise le directeur. Notre objectif ? Créer un pôle dans lequel on pourrait regrouper entreprises et entrepreneurs sociaux qui allaient intégrer la formation de jeunes dans leur modèle. Bref, que l'entreprise devienne le centre de gravité d'un intérêt collectif, au service de jeunes en difficulté. Ce lieu était idéal pour ce projet, de par sa surface, sa situation, son histoire et son implantation."

 

De son côté, Apprentis d’Auteuil, propriétaire des lieux envisageait une reconversion du site. La rencontre entre Arnaud Castagnède et Bruno Galy fait le reste. "Avec ce projet innovant qui s'engageait à former des jeunes, on a tout de suite vu qu'on était en plein dans le projet stratégique d'Auteuil, souligne le directeur régional adjoint d'Apprentis d'Auteuil dans le sud-est. Conjuguer sur le même lieu les cultures d'associations et d'entreprises, afin qu'elles soient complémentaires, nous semblait un nouveau défi passionnant à relever pour la fondation. Et pour tous les jeunes qui passeraient sur ce site. Oui, ce magnifique projet d'entrepreunariat social, véritable laboratoire d'idées, pourrait intéresser beaucoup de monde. On a signé et on s'est mis d'accord sur une charte. Reste désormais à apprendre à vivre ensemble, dans une vraie dynamique de solidarité, en s'adaptant en permanence aux besoins de notre société !"

 

Au service de jeunes en formation

Aujourd’hui, une surface de plus de 6000 m² et six hectares de terrain sont occupés par une dizaine d’entreprises qui s’engagent par une convention garantissant "la contribution de tous au projet commun d’exemplarité, d’innovation sociale et d’implication concrète dans le parcours de formation des jeunes".

Le projet accueille en parallèle plusieurs dispositifs de formation et d’insertion dans des filières à fort recrutement. Parmi eux, trois sont propres à Apprentis d’Auteuil : Impact Jeunes, programme d’insertion à destination de jeunes issus de trois cités des Bouches-du-Rhône ; Skola, programme formant des jeunes en situation de travail dans différents métiers (vente, fibre optique) ; et le dispositif Daveqe qui assure un accompagnement vers la qualification et l’emploi des 16-29 ans.

 "Sans négliger les secteurs du service, de la restauration ou de l’agriculture, nous nous sommes intéressés en premier lieu à des entreprises du secteur du numérique", précise Arnaud Castagnède. À l’instar de Simplon, cette école qui a déjà formé gratuitement plus de 2000 apprenants aux métiers du numérique depuis 2013, dont de nombreuses femmes. Ou L2 phone, spécialisé dans des formations à la relation client avec un très fort taux d'encadrement.

 

Dans les couloirs flambant neufs du bâtiment, on voit ainsi se croiser des jeunes développeurs web, des techniciens système de réseau ou télé conseillers en formation, le directeur de Paysan Urbain, dont 1,5 hectares ont été mis à disposition pour qu’il puisse exploiter la ferme et ses serres, la directrice de Mina KOUK, traiteur, ou encore le chargé de développement de La Conciergerie solidaire. Sur le site, il est également possible de s’initier à l’escalade dans les arbres grâce à Ecopark Adventures.

Le Cloître a démarré son activité en janvier. Déjà 12 entreprises et dispositifs y sont implantés, 30 emplois créés sur les 40 prévus d’ici à la fin de l’année, et 200 personnes engagées sur des circuits courts de qualifications et d’accès à l’emploi.