Comment les satellites révolutionnent le monde de l'assurance
Une jeune pousse française vient de lancer une assurance pour les maisons s'appuyant sur l'imagerie satellitaire. Cette technologie est aussi utilisée pour l'expertise des sinistres. Elle est également une pièce maîtresse des couvertures dites « paramétriques ».
Les satellites sont devenus des auxiliaires précieux pour les professionnels de l'assurance. La start-up française Luko a ainsi de lancé la semaine dernière - en partenariat avec le réassureur Munich Re - une assurance habitation par « imagerie satellite ».
A partir de l'adresse donnée par le client, son outil d'intelligence artificielle va repérer sur les images vues du ciel les caractéristiques du toit (surface, inclinaison), la superficie du terrain, la présence ou non d'une piscine ou encore l'âge de la maison. Autant d'informations, qui, couplées à l'analyse d'autres données (risques liés au terrain, aux inondations, etc.), doivent permettre, selon Luko, de calculer un prix au plus près de la réalité du risque. Le tout en 2 minutes, d'après ce distributeur 100 % digital.
« En aveugle »
« Aujourd'hui, les assureurs travaillent un peu en aveugle. Ils n'ont pas la technologie pour placer précisément la maison sur une carte afin de voir le terrain et ses spécificités. Quand ils essayent de positionner une adresse sur Google Maps, leur taux de réussite n'est que de 70 % », assène Raphaël Vullierme, son cofondateur. De son côté, cette assurtech - qui utilise les images fournies par l'IGN et cinq autres bases de données, privées ou en « open source » - affirme être tombée juste dans 98 % des cas pour les 20.000 premiers utilisateurs.
Pour l'heure, Luko se sert des images satellitaires pour la souscription des contrats. Mais « cela sera aussi très utile après un gros événement climatique pour coordonner les expertises », anticipe son dirigeant.
« Pas très cher »
Les géants du secteur n'ont pas attendu pour exploiter les images satellitaires. C'est le cas de Swiss Re, le deuxième réassureur mondial, qui y a recours pour l'expertise des sinistres, par exemple après une catastrophe naturelle. « Cela permet de voir des endroits sinistrés difficilement accessibles. C'est l'une des technologies les plus fiables que nous ayons à notre disposition et comme elle s'est démocratisée, son coût n'est pas très élevé », souligne Walter Eraud, directeur général de Swiss Re France.
Avec la résolution toujours plus fine des images satellitaires, les assureurs vont aussi pouvoir continuer à développer les couvertures dites paramétriques ou indicielles . Proposées pour l'heure par une poignée d'acteurs comme AXA ou de grands réassureurs, celles-ci reposent sur des indices - de pluviométrie, de température, d'humidité ou de rendement de culture, par exemple - qui permettent de fixer des seuils de déclenchement pour le paiement des sinistres.
L'apport des images satellitaires se révèle décisif. « Cela permet de visualiser avec précision les zones où la production agricole, par exemple fourragère, est déficitaire et de déclencher rapidement l'indemnisation », explique Walter Eraud. Un avantage indéniable pour l'assureur, qui n'a donc pas besoin de dépêcher sur place un expert.